Deux ans après la proclamation de la loi Guizot (1842), la municipalité de St Gervais sur Mare décide de transférer ses services dans des locaux plus spacieux qui pourront abriter mairie, prétoire de la justice de paix, école et logement de l’instituteur. La jouissance viagère de la maison commune est alors échangée contre celle de la maison dite “le Couvent”, appartenant à la commune et en usufruit à une religieuse. La mairie demeure plus de soixante ans route de Castres.
En 1897, la municipalité vote la construction d’un groupe scolaire avec mairie. Les habitants sont divisés par le choix de l’emplacement, un prétexte qui oppose une fois de plus cléricaux et anticléricaux dans un village où la rivière qui le traverse joue un rôle de frontière politique et sociale : “… les habitants de la rive droite – écrit le maire au préfet – sont jaloux de la prospérité de ceux de la rive gauche, faubourg de Castres, où se trouve mairie actuelle. Ennemis de l’école laïque, ils sont menés par la jalousie et la passion cléricale…”
C’est finalement la rive gauche qui l’emporte et le nouveau groupe scolaire est construit sur l’emplacement de l’ancienne mairie et de la maison voisine. Les plans sont dressés en 1898 par l’architecte Lalanne de Béziers. Le bâtiement principal à deux ailes et cour d’accès abritera les bureaux de la mairie, de la justice de paix, les appartements des maîtres et les préaux couverts. Les bâtiments des classes sont placés derrière, entre les cours de récréation et les jardins des instituteurs.
En 1901, le projet n’est toujours pas exécuté et le maire Razimbaud menace de démissionner si l’affaire traîne encore : “dans un pays de montagnes où l’élément clérical nous écrase, ce n’est qu’à force d’énergie et après quarante ans de lutte que nous avons pu constituer une municipalité nettement plus républicaine quoique les réactionnaires de toutes nuances soient plus nombreux que nous…” écrit-il au préfet. Peu de temps après, les travaux sont mis en adjudication et l’édifice communal est bientôt terminé.